Massacre de Tian’anmen : la prière devient un manifeste politique à Hong Kong

Massacre de Tian’anmen  la prière devient un manifeste politique à Hong-Kong

Sous la pression de plus en plus omniprésente de Pékin, les habitants de Hong Kong ne peuvent plus commémorer le massacre de la place Tian’anmen de 1989. Face à cette restriction de la liberté de manifester, les chrétiens évangéliques ont décidé de rendre hommage à cet événement par une prière en ligne proposé à tous.

Le 4 juin 1989, les chars de l'armée chinoise envahissaient la place Tian'anmen et écrasaient toute forme de protestation. 35 ans plus tard, alors que les habitats de Hong Kong ont l'interdiction de commémorer ce massacre, les chrétiens évangéliques ont décidé de proposer une prière en ligne pour marquer ce sombre anniversaire.

Cette prière est intitulée "Au milieu du silence, nous entendons des prières déchirantes ; en regardant à travers la longue nuit, nous voyons la lumière de la grâce". De nombreuses personnalités de l’Église ont participé à la campagne de signatures qui accompagnait sa diffusion jusqu’au 19 mai dernier. Elle a été diffusée dans l’édition du 2 juin du "Christian Times", journal chrétien de Hong Kong qui a publié une première page de une tout en blanc pour l’événement.

La prière contient un véritable réquisitoire politique contre le régime de Pékin. Si elle rappelle les jours de douleur où l'ancien Israël était exilé dans l'Empire babylonien, ainsi que les "ruines et les décombres" de l'ancienne Jérusalem, le texte évoque ensuite la brutalité de la scène de la place Tian’anmen en 1989, et la violente répression qui s’en est suivie. Plusieurs milliers de personnes avaient alors été tués par le régime communiste.

"Nous nous rassemblerons tous devant le trône du Seigneur pour prier, cela me rappelle le passé de Pékin, les marches de jade blanc sur la place Tiananmen, les pierres et les tuiles brisées sur l'avenue Chang'an. Combien de sang et de passion de jeunes vies coulent, après 35 ans de hauts et de bas, de répression et d'intimidation du pouvoir."

Le texte critique également l’interdiction de commémoration de ce 4 juin émise par les autorités chinoises :

"Même s'il n'y a pas d'étoiles ce soir, il n'y a pas de bougies à allumer."

De plus, c’est toute la situation politique de Hong Kong qui est visée en conclusion. La prière parle en effet du pouvoir qui "étend ses mains rugueuses dans différents coins, instillant la peur et l'intimidation". Enfin, le texte évoque ceux qui ont été dispersés, emprisonnés ou exilés.

"Par ton bras puissant, aide-nous et soutiens-nous, afin qu'ils comprennent ta volonté, la discernent, y croient et la pratiquent au milieu du tumulte du monde, en attendant ton retour. "

Le gouvernement chinois poursuit son offensive contre les libertés à Hong Kong. De nouvelles restrictions ont été introduites par une nouvelle loi sur la sécurité nationale en mars 2024 et menacent la liberté du peuple hongkongais. Le régime communiste de Xi Jinping refuse de voir commémorer cette date symbolique.

Les organisateurs de la dernière commémoration du massacre en 2019 croupissent encore en prison. De même, le diocèse catholique s’abstient désormais d’organiser des célébrations : le cardinal Chow, évêque de Taïwan, a simplement rappelé que cet épisode a laissé "une blessure profonde" dans le média catholique The Sunday Examiner.

Malgré tout, les chrétiens de Hong-Kong gardent leur espoir dans le Seigneur face à toutes ces injustices et ces persécutions assure le média Asia News.

Jean-Benoît Harel

Crédit image : Shutterstock/ LO Kin-hei

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